« La première victime de la guerre, c’est toujours la vérité » disait Rudyard Kipling.

Les visites diplomatiques successives de Kamala Harris et de Joe Biden en Pologne, et leurs road shows européens en ces derniers jours ont fait couler beaucoup d’encre à l’aune des gesticulations de leurs états-majors et de l’effet produit par certaines de leurs déclarations aussi spectaculaires que vaines.

Ce furent des visites diplomatiques, symboliques, mais sans aucune influence sur la guerre russo-ukrainienne, dont l’issue ne se règlera, et sans doute pas dans l’immédiat, que via l’Union européenne et les sanctions financières et commerciales qu’elle impose depuis le début du conflit. Peut-être également avec l’aide, ici et là, de certains autres Etats actuellement à la manœuvre, tel Israël, dont les affaires se trouvent évidemment aussi très atteintes par la situation, sans qu’il puisse non plus exercer une véritable influence de long terme sur la stratégie de Vladimir Poutine.

Si la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, annonce depuis lors, certains progrès dans les négociations, cela constitue en apparence la meilleure nouvelle sur le front de l’Est depuis ces trois dernières semaines. Elle ajoute que la Russie ne cherche ni l’occupation de l’Ukraine, ni la destruction de son Etat, ni le renversement du gouvernement ukrainien. S’adjoignent à son propos, les brèves de comptoir souvent émises par d’éminents spécialistes européens, selon lesquels il conviendrait de négocier désormais un processus de désescalade avec une sortie par le haut, que le président russe accepterait rapidement en raison de l’effondrement attendu de son armée et plus encore de celui de son système. Quelle naïveté !

Nos erreurs géostratégiques commises depuis plus de 20 ans, vilipendant le nucléaire, au profit d’autres énergies fossiles sur la base d’assertions mensongères ou erronées, ont rendu ainsi notre dépendance énergétique fatale, et notre légèreté, impardonnable, face à la volonté expansionniste russe, pourtant non dissimulée, mais que les dirigeants européens et américains ont cru bon de sous-estimer, bien que, pas pour les mêmes raisons.

Autant dire que du point de vue énergétique, mais aussi et surtout alimentaire, puisque la Russie et l’Ukraine représentent à elles deux, le grenier à blé du monde, nous nous sommes tous trompés de combat en ne voulant pas voir la vérité en face.

Cette vérité oblige aussi à nous demander même s’il est un peu tard, si nos stratégies d’alliance sont aussi profitables que nous le croyons, et qui va tirer parti de cette situation délétère dont il convient de souligner non seulement les conséquences dramatiques sur le plan humanitaire, mais aussi pour nos entreprises, et pour tous les citoyens européens, qu’ils appartiennent à l’Union ou non.

A qui bénéficiera le réarmement allemand, qui va devenir notre fournisseur privilégié en gaz, en pétrole ou en céréales, bref, qui va tirer profit de l’affaiblissement généralisé de l’Union européenne après avoir jeté de l’huile sur le feu sur la question russe depuis ces derniers mois ? S’il n’est pas question ici de remettre en question l’OTAN malgré ses indéniables faiblesses, ni nos alliances atlantistes, il est urgent cependant de réaliser que la paix ne se maintient qu’en préparant la guerre, sur tous les plans,  sans relâche, et contre tous.

Nous avons préféré en Europe pratiquer une géopolitique à bas prix, dont la facture finale va s’avérer, au contraire, très couteuse pour les occidentaux.

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